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Photo du rédacteurMichel Havez

Le tourisme spatial.



Il y a 60 ans, le 17ème lanceur Vostok allumait ses moteurs pour envoyer le premier humain dans l'espace en orbite terrestre basse. L'URSS marquait de nouveau l'histoire 3 ans et demi après Spoutnik. Sur les 16 lancements précédant le vol de Yuri Gagarin, 9 furent des échecs... À peine 8 ans plus tard un humain marchait sur la Lune !



Les forces en présence :

En 2021, 3 concurrents sérieux sont au coude à coude pour la course au tourisme spatial :

  • Virgin Galactic (le milliardaire Richard Branson, patron de Virgin Group),

  • Blue Origin (le milliardaire Jeff Bezos, ex patron d'Amazon),

  • SpaceX (le milliardaire Elon Musk, patron de Tesla, SpaceX et solarcity).

Ces 3 là ambitionnent de vous vendre des billets pour un voyage dans l'espace. La frontière entre l'atmosphère et l'espace (la ligne de Karman) étant arbitrairement fixée par convention internationale à 100 km (Les Américains considèrent 50 miles, soit 80 km). Si vous dépassez cette ligne, vous êtes certifié(e) astronaute !



Les premiers vols :


Virgin Galactic est la première entreprise privée (non gouvernementale) à réussir un vol suborbital en 2003, remportant le prix du concours Xprize. Mais entre réussir un exploit une fois, et le réitérer de façon routinière avec des passagers payants, il y a un gouffre. Le crash de leur vaisseau Spaceship II en 2014, faisant 1 mort et 1 blessé grave, retarde le calendrier prévisionnel de Virgin. Le vaisseau est modifié en profondeur et devient VSS Unity en 2016. En Décembre 2018, il atteint 82,7 km d'altitude à la vitesse max de Mach 2,9. Les ultimes vols test sont menés en Mai, et le premier vol avec équipage (non payants, tous des employés de Virgin) a lieu le 11 Juillet 2021. L'embarquement des premiers "touristes" ayant payé leur place prendra son rythme de croisière en 2022.


Je ne parle pas souvent de BlueOrigin, Jeff Bezos ayant choisi de communiquer le moins possible, tout le contraire d'Elon Musk. Le premier vol commercial du groupe a lieu le 20 Juillet 2021, avec Jeff Bezos et son frère Mark, Wally Funk (invitée) et Olivier Daemen le premier passager payant.


Quant à SpaceX, un (autre) milliardaire Japonais : Yusaku Maezawa a déjà acheté 9 places (8 seront offertes sur candidature) pour un vol : mission Inspiration4, à bord du vaisseau Crew Dragon.

Le premier vol est prévu le 15 Septembre 2021).





Un développement économique à trouver :

Si aujourd'hui le marché du tourisme spatial ne concerne que quelques fortunés, il pourrait bien générer 3 milliards de $ d'ici 2030, confirmant l'envolée du tourisme spatial en tant qu'industrie.

Le voyage à très grande vitesse passant par l'espace, susceptible à terme de rivaliser avec les vols long-courriers, pourrait générer 20 milliards de $ dans moins de 10 ans.

Dès lors, les trois principaux acteurs, Virgin Galactic, Blue Origin et SpaceX, mais aussi Boeing avec son CST-100 Starliner et Lockheed Martin avec sa capsule Orion, cherchent à asseoir leurs positionnements respectifs.


  • Chez Virgin Galactic, environ 600 billets au prix “stratosphérique” de 250.000 $ avaient déjà été vendus fin 2019, selon l'entreprise. Le ticket inclut un entraînement et une combinaison. Au total, 80 millions de dollars d'acomptes ont déjà été versés. "Vu la demande pour les expériences de vols spatiaux humains et une capacité disponible limitée, nous pensons que le prix de nos billets va augmenter sur une certaine période”, souligne Virgin Galactic. Il pourrait alors grimper jusqu'à 500.000 $. Le groupe espère proposer des vols réguliers dès le début de 2022.


  • Blue Origin n'a pas encore dévoilé ses tarifs. Les enchères lancées en juin pour participer au vol du 20 juillet en compagnie de Jeff Bezos à bord du New Shepard avaient atteint 28 millions de billets verts. Signe de l'engouement généré par l'aventure, environ 7.000 personnes avaient tenté de gagner leur place. Le prix du billet pour un futur vol inclut “quelques jours” d'entraînement.


  • Du côté de SpaceX, première entité privée à avoir envoyé des humains dans l'espace, le prix du billet Inspiration4, le premier vol orbital entièrement civil qui doit avoir lieu en septembre 2021, n'a pas été dévoilé. Début 2021, on apprenait toutefois qu'un périple opéré par SpaceX et Axiom Space vers l'ISS, piloté par un ancien astronaute de la NASA, était proposé à 55 millions de $ par tête. L'équipage passera huit jours à bord de l'ISS, entre 360 et 400 km au-dessus de la Terre, en orbite basse donc. Le voyage Inspiration4 est quant à lui prévu pour atteindre une altitude d'environ 540 km. Les quatre civils qui formeront l'équipage devraient passer trois jours en orbite autour de la Terre.

SpaceX promet également à terme des voyages habités sur la Lune, et même une colonisation de Mars.

Contrairement à Richard Branson et Jeff Bezos, il n'est pour l'heure pas prévu qu'Elon Musk prenne part à un vol habité de SpaceX. Il a toutefois réservé un vol sur Virgin Galactic.



Une responsabilité environnementale :

Ces promesses de vols habités pour touristes fortunés changent considérablement la donne dans l'industrie spatiale. Aujourd'hui, “il y a des raisons de penser que nous atteignons enfin les premières étapes d'une vraie économie space-for-space”, analyse le Harvard Business Review. Ce terme désigne les biens et services produits pour des usages dans l'espace et s'oppose à celui de l'économie space-for-earth, qui englobe les biens et services provenant de l'espace pour une utilisation sur Terre, comme les satellites servant à l'observation terrestre, au GPS, aux entreprises de télécommunication ou aux infrastructures Internet.


En 2019, 95 % des 366 milliards de $ de revenus générés par l'industrie spatiale seraient issus de l'économie space-for-earth. Mais si celle-ci est toujours en plein essor, le transport dans l'espace de “passagers, de touristes et, à terme, de colons”, couplé à des coûts de lancement en baisse, ouvre la voie à de nouvelles demandes, et ainsi à “une série de biens et services space-for-space”, poursuit le Harvard Business Review.


Le développement du tourisme spatial doit toutefois encore résoudre une problématique de taille : son impact sur l'environnement, qu'il soit terrestre ou spatial.

En 2013, Richard Branson avait affirmé que les vols spatiaux pour touristes n'auraient qu'un impact mineur sur le réchauffement climatique, assurant que Virgin Galactic était parvenu à réduire l'empreinte carbone d'un trajet à bord de son avion spatial “de quelque chose comme deux semaines d'approvisionnement en électricité” de la ville de New York à “moins d'un aller-retour” sur un vol Singapour-Londres. Richard Branson, comme Jeff Bezos, anticipent également les critiques en procédant, par exemple, à des dons à des organisations de lutte contre le changement climatique, un procédé que d'aucuns appelleraient du greenwashing. Mais selon la FAA, un aller-retour d'un avion-fusée de Virgin Galactic émettrait encore environ 30 t de dioxyde de carbone, soit environ 5 t par passager, et donc quelque cinq fois l'empreinte carbone d'un vol Singapour-Londres.


Des chercheurs de l'Aerospace Corporation, organisme à but non lucratif dédié à la recherche sur l'espace, ont également conclu dans un rapport de 2018 que les émissions des fusées pouvaient endommager la couche d'ozone.

"L'émission de combustion des moteurs de fusées affecte l'atmosphère globale. Historiquement, ces impacts ont été vus comme minimes et ont donc échappé à l'attention de la réglementation”, soulignent les auteurs du rapport. “Les lancements spatiaux évoluent toutefois rapidement, caractérisés par une croissance prévue en termes de fréquence des lancements, des fusées plus imposantes et l'usage d'une plus grande variété de propulseurs. Avec un futur taux de lancement plus important, les impacts globaux des émissions issues des lancements se heurteront aux impératifs internationaux dédiés à la gestion de l'atmosphère globale”, poursuivent-ils.


Nul doute que l'industrie du tourisme spatial, qui n'a aujourd'hui pour objectif que le divertissement de quelques milliardaires, devra à un moment ou un autre considérer son impact réel sur le reste de la population mondiale.


Michel Havez, 22 Juillet 2021.

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