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Photo du rédacteurMichel Havez

Le retour de l'homme sur la lune

Dernière mise à jour : 10 janv. 2024


Dans la mythologie Grecque, Artemis est la sœur jumelle d'Apollon (Apollo en Anglais). On ne pouvait trouver plus pertinent pour nommer le programme qui signera le retour de l'homme (et de la femme) sur la lune !

Si vous lisez ces lignes et que, comme moi, vous avez au moins 60 ans, je suis sûr que vous avez encore des frissons en repensant aux images en noir et blanc de la NASA qui nous faisait découvrir en direct les premier pas de Neil Armstrong sur la lune le 20 Juillet 1969.


Dans les années 60, la conquête spatiale était surtout un affrontement Est-Ouest (USA - URSS). L'URSS n'a pu budgétairement suivre les USA, les navettes spatiales soviétiques ne voleront jamais et l'URSS sera disloquée pour devenir Russie en 1991. Pour plus de détails, voir Les politiques spatiales.




Alors, on y va sur la lune ?


Le SLS

Aujourd'hui le contexte est très différent. Il faut voir le retour sur la lune comme une répétition, voire une base avancée pour aller sur... Mars !

En 2010, la NASA entame le développement d'un lanceur lourd : le SLS, pour Space Launch System et d'un vaisseau : Orion, destinés à viser la planète rouge. Toutefois la stratégie de l'exploration de Mars reste vague et le budget est colossal avec une fâcheuse tendance à déraper complètement.


Le vaisseau Orion

Sans surprise, le Congrès ne soutien pas le programme qui semble donc avorté. Mais vers 2015, la Russie annonce son projet de station orbitale lunaire (une sorte d'ISS, mais en orbite lunaire plutôt qu'en orbite terrestre).



Et bim, on est reparti comme en 60 ! L'égo des Ricains est piqué au vif, nous voilà re-plongé dans une course à celui qui aura la plus grosse (fusée 😂) !


Sans parler qu'en même temps, les Chinois annoncent le projet de leur propre station spatiale rien qu'à eux ! Heureusement, plutôt que de se tirer la bourre, les agences spatiales Roskosmos et NASA signent un accord en Septembre 2017 pour coopérer au projet Deep Space Gateway (DSG). Mais en février 2022, un tout petit détail vient chambouler ce fragile calendrier : La guerre Russo-Ukrainienne nous ramène brutalement en pleine guerre froide. Les vieilles tensions que l'on croyait effacées à tout jamais sont ravivées et les Russes se retirent de toute coopération spatiale.



Lune à 59% de visibilité. 20/06/2022 04H24. EOS RP, RF 600mm f/11. Crédit photo Michel Havez.


Bon alors, comment ça marche ?


La station LOP-G

Première étape : créer une station spatiale en orbite lunaire : la Lunar Gateway (Passerelle).

Pour cela, il faut un lanceur lourd : le SLS, et un vaisseau spatial : Orion. C'est ce duo qui aura la mission d'acheminer les éléments pour assembler, tel un Lego, la Gateway.

Orion pourra emporter 4 passagers en orbite lunaire, mais 7 en orbite basse terrestre (dans l'ISS).

Deuxième étape : Si vous avez bien lu ce qui précède, vous avez compris que le SLS et Orion ne vont pas plus loin que la Gateway. Donc, pour déposer l'homme sur la lune, il faut un deuxième vaisseau : le HLS pour Human Landing System (qui lui n'est qu'une navette orbite lunaire > surface lunaire et retour orbite lunaire).

L'ensemble de ce programme (SLS, Orion, Gateway, HLS) est appelé ARTEMIS. Pour tenir les délais arrêtés en Mai 2019, la NASA a fait un appel d'offre pour la construction de chacun des éléments du puzzle.


Le calendrier (ambitieux et sujet à déraper, comme toujours dans le spatial) est le suivant :

  • Le SLS est développé par la NASA, le vol inaugural, ARTEMIS 1, s'est déroulé avec succès fin Août 2022.

  • ORION : construit par Lockheed Martin, opéré par la NASA, le 1er vol sans équipage est réalisé avec le premier tir du SLS, fin Août 2022.

  • Gateway : sous l'égide des USA, de la Russie (ah ben non du coup 😕 #ukraine), de l'EU, du Japon et du Canada, elle est construite par Naxar Technologies et Northrop Grumman. L'assemblage des premiers modules en orbite devraient débuter en 2025.

  • HLS : des 12 candidats ayant répondu à l'appel d'offre de la NASA, 3 finalistes sont en lice en Avril 2020 : Blue Origin (Jeff Bezos patron d'Amazon) et son vaisseau Blue Moon, Dynetics, et SpaceX avec une version dérivée de son vaisseau Starship. En Avril 2021 la NASA a choisi SpaceX et son Starship, mais rajoute le Blue Moon de Blue Origin en 2023. Histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier...

A cette date (début 2024) si le développement du Starship de SpaceX est déjà bien avancé (2 vols d'essais réalisés en 2023), on ne peut en dire autant du Blue Moon qui n'est encore qu'un joli dessin.

Au total, ce sont pas moins de 37 lancements qui seront opérés d'ici 2028. Voici les 10 premiers :

  • 28 Juin 2022 Capstone : envoi d'un nano satellite en Juin 2022 pour tester la stabilité de l'orbite choisie pour la LOP-G. (toujours en cours).

  • 29 Août 2022 Artemis 1 : 1er vol test du SLS & Orion sans équipage. (succès).

  • 08 Janv 2024 Perigrine 1 : dépose d'instruments à la surface lunaire. Le lancement est un succès mais l'atterrisseur perd son carburant quelques heures après sa libération par le lanceur. Il ne pourra rejoindre l'orbite lunaire. Echec.

  • 2024 PPE & HALO : modules de propulsion et d'habitat.

  • 2024 Nova C : dépose d'instruments à la surface lunaire.

  • 2024 Xl-1 : dépose d'instruments à la surface lunaire.

  • 2024 Griffin & Viper : étude de la glace d'eau lunaire.

  • 2025 HLS : pré-positionnement en vue d'Artemis 3.

  • Sept 2025 Artemis 2 : 1er vol test habité en orbite circumlunaire.

  • 2026 Artemis 3 : mission habitée sur la surface lunaire.

  • 2028 Artemis 4 : ajout d'un module sur la Gateway.


Tous les lancements qui ne s'appellent pas Artemis font partie du programme CLPS (Commercial Lunar Payload Services, Services de charges utiles lunaires). Ce sont des étapes préliminaires indispensable au bon déroulement du programme Artemis.

Tout retard dans le CLPS implique un retard pour Artemis...

Si jusque fin 2023 tout s'était à peu près bien déroulé, l'échec de Peregrine, opérée par Astrobotic en Janv 2024 jette une ombre sur la suite du programme, car la mission Viper est également opérée par Astrobotic et devrait s'élancer fin 2024. Ce qui parait aujourd'hui plus qu'irréaliste, Viper étant un atterrisseur plus ambitieux que Peregrine. Soupir... Au delà de 2026, l'objectif final du programme ARTEMIS est d'établir des installations permanentes sur le sol lunaire. Ce qui paraît un entraînement incontournable si on veut viser Mars !

En effet, le voyage le plus court sur Mars impose de rester sur la planète soit 30, soit 550 jours, selon le scénario orbital choisi...



Revivez le lancement d'Artemis 1 le 29 Août 2022, en direct et en Français :





Et le launch de Peregrine le 8 Janv 2024 :






Michel Havez, 20 Août 2022.

Mise à jour : 09 Janv 2024.

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