Hello les amis, il est temps de faire le point sur l'avancée des travaux au Texas. Le boss Elon Musk, comme d'habitude très optimiste sur les délais, avait prévu le premier vol orbital de l'ensemble booster + Starship pour la fin de l'été, mais comme on pouvait s'y attendre ce délai n'était pas tenable. Néanmoins les choses avancent très vite, les équipes se relaient jour et nuit et travaillent d'arrache-pied comme si la fin du monde était pour dans quelques jours.
Sur cette photo aérienne :
la tour de lancement orbitale,
la table de lancement orbitale (ronde, sur pilotis),
le booster (chromé : B4)
et le starship (noir : S20).
Le plus spectaculaire est bien sûr la tour de lancement orbitale, qui est maintenant totalement érigée, culminant à 145 m de hauteur. La dernière section est équipée d'un système de treuil qui servira à maintenir des bras qui attraperont le Starship en vol lors de sa phase d'atterrissage ! C'est la dernière trouvaille d'Elon Musk, qui a déclaré : "ce sera difficile, il y aura de la casse, mais nous y arriverons". La tour a beau être érigée, elle n'est pas achevée pour autant : les équipes sont en train de l'équiper : tuyauterie pour acheminer les ergols, électricité, câble pour capteurs et datas, etc...
Juste à côté de la tour de lancement orbitale se trouve la table de lancement orbitale. Elle aussi est totalement érigée mais pas encore achevée. Son design est très complexe, car elle a pour mission de maintenir l'ensemble booster + Starship à la verticale (120 m de haut et plus de 5000 tonnes au décollage) grâce à un système de verrouillage entre la base du booster et la table, d'acheminer les ergols vers le booster (ceux du Starship sont acheminés via la tour) et un système de projection de jets d'eau très puissants dirigés de la périphérie de la table vers son centre pour atténuer les décibels et les vibrations lors de l'allumage des 32 moteurs Raptors. Sans la présence de ces jets d'eau, les vibrations seraient telles qu'elles menaceraient l'intégrité physique de l'ensemble booster + Starship !
Il n'est pas nécessaire que la tour soit totalement achevée pour le vol inaugural, que l'on espère pour Septembre, puisque pour ce vol test ni le booster ni le Starship ne seront récupérés. Pour rappel, le booster s'abimera en mer et le Starship finira lui aussi dans l'eau après avoir presque bouclé un tour de la terre pour finir sa course au large des îles d'Hawaï.
Les bras de la tour orbitale sont presque achevés et devraient bientôt être posés sur la tour. Ils sont au nombre de trois : L'un n'est qu'un support pour la tuyauterie qui sert à amener les ergols au Starship. Il se repliera en effectuant un arc de cercle lorsque "le plein" sera effectué pour laisser le champ libre au décollage. Les deux autres sont par contre très complexes et subiront d'énormes contraintes : leur rôle sera de maintenir l'ensemble à la verticale jusqu'à quelques secondes du launch, ils s'écarteront au dernier moment, jusque là rien d'exceptionnel. Par contre, lors de l'atterrissage du premier étage (booster) ou du deuxième étage (Starship) ceux-ci devront atterrir au plus près de la tour, les bras, en position haute, se saisiront du booster ou du Starship, et descendront avec lui sur quelques mètres afin d'absorber l'énergie et ralentir sa descente jusqu'à l'arrêt complet. Après quoi ils remonteront jusqu'au sommet de la tour afin de déposer le Starship sur son booster pour un nouveau vol. Cela nous promet un sacré spectacle !
Pour "faire le plein" il faut des réserves d'ergols. C'est là qu'intervient la ferme à ergols.
Elle est constituée de 8 tankers : 2 pour le méthane (à gauche), 3 pour l'oxygène liquide (à droite), 2 d'azote liquide (les 2 réservoirs chromés) et un réservoir d'eau. Ce ne sont pas de "simples" réservoirs, l'oxygène et le méthane étant cryogénique (à très basse température) les réservoirs sont donc isolés thermiquement. A cette date, tous les cryo réservoirs sont construits et il n'en reste plus que deux à installer sur les 8. Une "digue" de protection a été érigée entre la ferme à ergols et le pas de tir afin de protéger les tankers des vibrations et du puissant souffle des Raptors lors des lancements.
Pour construire des lanceurs et des vaisseaux, il faut des structures. Les anneaux qui constitueront cryo réservoirs, boosters ou Starship sont construits sous des "tentes", sortes de grands hangars semi rigides (en blanc sur la photo).
Ces "morceaux" sont ensuite assemblés dans deux grandes structures rigides, la mid bay et la high bay (les 2 grands bâtiments gris à droite). Ces deux éléments sont construits depuis longtemps et ont permis l'assemblage du booster et de tous les starships. Notez qu'un restaurant est construit tout en haut et occupe toute la surface de la high bay ! Mais la place manque, Elon veut accélérer la cadence, et donc un troisième bâtiment est en cours de construction près du high bay, qui sera deux fois plus grand que ce dernier, et s'appellera certainement super high bay ou quelque chose comme ça.
Derniers éléments, et non des moindres : boosters et Starship. Tous deux sont assemblés depuis plusieurs semaines. Le booster est presque prêt a effectuer son premier tir statique (sans doute la semaine prochaine). Mais avant sa mise à feu réelle, le booster sera posé sur un simulateur de poussée qui vient tout juste d'être assemblé. D'énormes vérins hydrauliques simuleront la poussée des Raptors afin de tester la résistance structurelle du booster.
De son côté, le bouclier thermique du Starship donne du fil à retordre aux équipes et aux ingénieurs : la pose des tuiles de protection thermiques, comme à l'époque des navettes spatiales, est très délicate.
Chaque tuile est collée à la main sur le vaisseau, et on a pu voir certaines d'entre-elles se décoller lors du déplacement du Starship de la zone d'assemblage vers le pas de tir, ce qui n'est pas de bonne augure. Une inspection pointue est donc en cours pour régler ce problème, sans compter que certaines zones (les articulations entre le vaisseau et les ailerons mobiles) sont très complexes à protéger. Lorsque cela sera réglé, le Starship subira ses premiers tests de pression, puis recevra ses moteurs Raptors. Raptors qui sont actuellement au centre de Mc Gregor (Texas) où ils subissent les dernières vérifications.
On le voit, il y a encore beaucoup de travail à réaliser avant de voir enfin s'élever l'ensemble Bosster Starship ! Néanmoins, d'autres boosters et d'autres Starship sont déjà en cours d'assemblage !
Dernière info toute fraiche : Pour satelliser ses Starlinks (réseau internet par satellite), SpaceX utilise actuellement la Falcon 9, qui lui permet de satelliser 60 starlinks par lancement. SpaceX ambitionne d'utiliser le couple Booster Starship lorsqu'il sera opérationnel, lui permettant de passer de 60 satellites par lancement à ... 400 ! Ce qui donnerait un sacré coup d'accélérateur à Starlink, en plus de lui faire réaliser de précieuses économies ! Cela permettra également d'avoir du recul sur la fiabilité du lanceur, avant d'envisager les vols habités à bord du Starship.
Michel Havez, 25 Août 2021.
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