Nicolas Copernic.
- Michel Havez
- 28 sept. 2021
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 août
De son vrai nom Nikolaus Kopernikus, Nicolas voit, le jour en Pologne en 1.473. Son père, négociant en cuivre, fait partie de la bourgeoisie et s'investit en politique. Nicolas a 1 frère et 2 sœurs plus âgées. Très tôt il va s'intéresser à l'art, aux lettres et à la musique. Son père décède en 1.483, il est alors pris en charge par son oncle maternel, qui fait en sorte que Nicolas fréquente les meilleures écoles et universités.

Passer du géocentrisme à l'héliocentrisme.
Après 4 ans d'études à l'université de Cracovie où il étudie les mathématiques, l'astronomie, la médecine et le droit, Nicolas rejoint l'université de Bologne en Italie en 1.496. Il loge alors chez un astronome : Domenico Maria Novara, qui est l'un des premiers à contester l'autorité de Ptolémée.
Car voilà, jusqu'à présent, la seule façon de penser qui vaille c'est le système géocentrique : la terre est au centre du système solaire et "tout" tourne autour de la terre. Les travaux de Ptolémée (100-168 après JC) font encore autorité 1.300 ans plus tard. Il faut dire que cela arrange bien l'église de placer la terre au centre de tout.

En 1.500 Copernic donne une conférence sur l'astronomie à Rome, puis observe une éclipse lunaire partielle. Il poursuit ses études de médecine à Padoue et obtient le titre de docteur en droit en 1.503.
Il rentre alors en Pologne, sa réputation de médecin l'amène à soigner divers évêques et notables. En parallèle, Nicolas continue ses recherches en astronomie et fait aménager la tour de la cathédrale de Frauenburg pour réaliser ses observations. Il y passera la plus grande partie de sa vie et c'est là qu'il se persuade que le modèle géocentrique de Ptolémée ne tient pas la route.
Ses travaux l'amènent à penser le modèle héliocentrique (le soleil est au centre), travaux qu'il mettra 3 ans à publier, de 1.511 à 1.513, sous le nom de Commentariolus, manuscrit qu'il fait circuler secrètement auprès de ses amis.
Vers 1.530, Nicolas achève son œuvre : De Revolutionibus Orbium Coelestium (Des révolutions des sphères célestes). La qualité de ses travaux (toujours à l'état de manuscrit) est telle que l'idée de l'héliocentrisme connait un grand succès et se répand jusqu'au pape. Il faut attendre 1.543 pour qu'enfin le manuscrit paraisse chez un imprimeur, quelques jours avant la mort de Nicolas qui aurait eu le temps d'en manier un exemplaire quelques heures avant son agonie.

Évidemment, l'église ne l'entend pas de cette oreille et De Revolutionibus Orbium Coelestium rejoint la liste des livres interdits en 1.616. Et ça le restera jusqu'en 1.835 !
Pour remettre en cause le géocentrisme, Copernic pointe les défaillances, la multiplicité et l’extrême complexité des modèles astronomiques de l'époque. En effet, de nombreux "aménagements" ont été nécessaires après Ptolémée et les nombreux astronomes qui lui ont succédé. Et malgré cela, certains phénomènes observés ne trouvaient toujours pas d'explication. En outre, Copernic critique sévèrement Ptolémée pour avoir utilisé un artifice (l'équant), ruse indispensable pour faire fonctionner le géocentrisme, mais violant le principe de l'uniformité des mouvements circulaires par rapport à leur centre.
En réponse au géocentrisme, Copernic propose un système révolutionnaire étayé par une démonstration mathématique minutieuse, l'héliocentrisme, exposé dans Revolutionibus.
Copernic dispose donc le soleil au centre, et il décrit 2 mouvements distinct à la terre : sa rotation sur elle-même définissant le mouvement diurne/nocturne en 1 jour, la sphère céleste demeurant immobile. Le deuxième mouvement de la terre étant sa révolution autour du soleil en 1 an, faisant de la terre une planète comme les autres !
La nouvelle vision de Copernic résout avec élégance la plupart des problèmes (pas encore tous : en 1.500 on croit encore que les planètes ont une orbite parfaitement circulaire alors qu'elles sont elliptiques, ce qui causera de grandes difficultés à Nicolas qui ne comprenait pas quelques erreurs à certains de ses calculs) et simplifie grandement la vision de Ptolémée.
Selon le principe philosophique dite du "rasoir d'Ockham" : l'explication la plus simple est généralement la bonne. Notamment, on a maintenant une corrélation logique entre les distances des planètes par rapport au soleil et leur période de révolution : plus l'orbite d'une planète est grande, plus elle aura besoin de temps pour effectuer sa révolution autour du soleil, ce qui n'était pas démontré dans le géocentrisme de Ptolémée.
Enfin, l'héliocentrisme de Copernic permet de mesurer les distances de chaque planète par rapport au soleil, ce qui était impossible avec le géocentrisme. L'héliocentrisme permettra plus tard à Johannes Kepler d'établir un calcul prédictif de la trajectoires des planètes et d'établir les lois du mouvement dans le système solaire, lois qui serviront bientôt à Isaac Newton pour élaborer sa théorie de la gravité. Newton pèsera lourd dans la révolution copernicienne, on en parle juste après.
Copernic a retardé de plusieurs années la parution de l’œuvre de sa vie (publiée pratiquement le jour de son décès), redoutant avec raison la réaction de l'église.
Il permit aux chercheurs et scientifiques lui succédant de se libérer de la pensée d'Aristote et de Ptolémée, forçant même les théologiens à s'interroger sur l'interprétation des textes sacrés. Ce n'est qu'au 19ème siècle que ceux-ci révisèrent enfin leur interprétation, ce qui déboucha au renouvellement des études bibliques (exégèse).
Les textes bibliques étant truffés de termes polysémiques, il est facile d'interpréter le sens d'une phrase de multiples façons. Ainsi, l’église est passée de l'exégèse canonique (traditionnelle, qui soutient le géocentrisme) à l'exégèse moderne réformée (bien obligée de tenir compte de l'héliocentrisme). Pour le dire simplement, l'église a changé (de nombreuses fois) le sens des écritures de la bible sans en modifier le texte.
Contrairement à la science qui s'appuie sur des faits pour en tirer des conclusions, les religions s'appuient sur des idées pour en tirer des faits. De nos jours, cela s'appelle le complotisme.
La révolution copernicienne.
Si le manuscrit de Nicolas Copernic connut rapidement un grand succès, il aura fallu du temps pour renverser notre représentation du monde et de l'univers. Rendez-vous compte : passer d'une croyance envers un dieu tout puissant qui place l'homme au dessus de tout à la science qui démontre que la terre n'est qu'une planète ordinaire comme les autres, remettant en cause ~1.500 ans de domination religieuse... n'allait pas se passer sans heurts.
La révolution copernicienne divise d'un côté les scientifique et de l'autre les philosophes et hommes d'église :
1.600 : Giordano Bruno théologien, mathématicien et astronome est condamné au bûcher par l'église pour défendre un univers infini peuplé de mondes identiques, basé sur les idées de Copernic.
1.633 : Galilée est condamné par l'inquisition (juridiction créée par l'église catholique dans le but de combattre l'hérésie et les hérétiques).
1.634 : Apprenant cette condamnation, Descartes renonce à publier son "traité du monde et de la lumière" qu'il ne publiera que 4 ans plus tard en 1.637.
1.687 : Newton publie sa théorie de la gravitation.
1.741 : La trajectoire orbitale de la terre autour du soleil est confirmée de façon mathématique ET optique. Le pape Benoît XIV est contraint d'ordonner l'imprimatur (autorisation officielle de publier) aux ouvrages de Galilée.
1.757 : le pape Benoît XIV lève l'index (liste d'ouvrages interdits par l'église) sur l'ensemble des ouvrages traitant de l'héliocentrisme.
1.822 : le pape Pie VII approuve enfin un décret traitant de la mobilité de la terre et de l'immobilité du ciel, selon l’opinion générale de l'astronomie moderne.
Mais il faut encore attendre 1.835 (le 19ème siècle !) pour que le livre de Copernic, l'Epitome de Kepler et le dialogue de Galilée disparaissent enfin des ouvrages interdits par Rome.
1.992 : la commission du cardinal Paul Poupard conclue à la reconnaissance des erreurs de l'église tout au long de la révolution copernicienne.
Amen. (oui c'est du sarcasme).
Michel Havez, 28 Septembre 2021.
Commentaires